Lausanne

Ce métro à crémaillère appartient au passé

J'ai écrit ça en 2004. M2 reprend la plate-forme des lignes à crémaillère, qu'il remplace
LAUSANNE, UN EXEMPLE DU REDOUTABLE PRAGMATISME SUISSE

Le pragmatisme helvétique est redoutable. Les Suisses sont des gens sérieux, mais qui n'hésitent pas à mettre en oeuvre des solutions qu'on n'oserait pas proposer en France. (...)
Si vous voulez visiter le curieux et efficace métro de Lausanne ne perdez pas trop de temps, car la ligne LO, qui n'a rien à voir avec Arlette Laguillier {2}, et aussi vraisemblablement la ligne LG, seront remplacés par un métro sur pneus automatique. J'ai visité ce réseau en 1994.


Lausanne est une ville étonnante, en pente, au bord du lac Léman. Le réseau de trolleybus utilise des véhicules à une seule caisse, tirant des remorques.
http://images.google.fr/images?hl=fr&lr=&q=trolleybus+lausanne&btnG=Rechercher
Le Flon, coeur de la ville, est desservi par sept
lignes de trolleybus, passant quatre étages au dessus de l'ancienne gare de marchandises, point de convergence des trois lignes de métro, dont les deux premières sont des funiculaires convertis en
crémaillères en 1958 :

1 le LG (Lausanne gare), long de 314 mètres, entièrement en tunnel, relie la gare centrale au Flon. Il est exploité par une motrice de 6,65 mètres de long (c'est peint sur la caisse), avec quelques sièges, et une capacité officielle de 154 passagers, avec deux grandes portes du côté gauche par rapport à la montée. La motrice n'a qu'une cabine de conduite, côté montée. Elle ne va pas jusqu'au plafond, le machiniste est assis perpendiculairement, orienté côté quai, il est en contact avec le public. Je lui ai demandé comment il faisait à la descente : il conduit en regardant un rétroviseur, aidé par des repères dans le tunnel.

Cette photo représente une motrice du LG devant l'atelier d'Ouchy :


2 Le LO relie le Flon à Ouchy, port des bateaux faisant le tour du lac, et des navettes avec Evian. Il y a des personnes faisant tous les jours le trajet Evian _ Lausanne, le dernier bateau est vers minuit.
La gare d'Ouchy et l'atelier :

Si le LO, et en conséquence le LG, sont à voie normale, c'est parce que le funiculaire qu'il a remplacé assurait aussi un trafic terminal
marchandises, y compris avec transbordement sur bateaux à Ouchy, poussant ou retenant les wagons arrivant par les chemins de fer nationaux. Le LO a aussi joué ce rôle, ses locomotives sont équipées
d'un crochet d'attelage et d'une traverse faisant office de tampon. http://cheminet.free.fr/ch_geo_leman.php#lo
Le LO est à voie unique, avec une station de croisement, Montriond, il dessert la gare centrale, la ligne fait 1,5 kilomètres, avec trois stations intermédiaires. Les trains se composent d'une locomotive longue de 3,35 mètres et de deux voitures d'environ 8 mètres de long avec 144 places, il n'y a des portes que du côté droit par rapport à la montée. La station de croisement est particulière, la voie montante est sur le quai de la voie descendante, avec des automatismes assurant la sécurité. Le train montant passe sur le quai descendant, puis s'arrête devant son quai, qui est décalé, et là seulement le train descendant vient se positionner devant son quai.


Les portes automatiques des deux quais ne s'ouvrent que lorsque le train correspondant est là, elles sont verrouillées à leur départ, on peut à tout moment quitter ces quais pour sortir.

3 Le TSOL, Transport du Sud-Ouest Lausannois, a été mis en service il y a quelques années, pour desservir les universités. Il part du Flon, va en direction du sud-ouest, puis après avoir desservi les universités, remonte vers le nord jusqu'à la gare C.F.F. de Renens.
C'est plutôt un tramway, avec quais hauts au niveau du plancher, en voie unique avec croisement dans quelques stations, la largeur des caisses est de 2,65 mètres. La plus grande partie du parcours est en accotement de voirie, dont des voies à grande circulation, les voies sont sur ballast et traverses, la séparation avec la voirie est une simple bordure de trottoir, mais en des endroits où les rues perpendiculaires ne sont pas des croisements, la bordure est rehaussée et renforcée. La voie normale a été choisie pour aller faire les grandes révisions chez le constructeur, à une dizaine de kilomètres de Lausanne, maintenant elles sont faites dans un atelier des C.F.F., la SNCF helvétique. L'électrification se fait par
caténaire 750 volts, alors que les C.F.F. sont électrifiés en 15 000 volts 16,66 hertz. Pour aller à cet atelier, le matériel est équipé d'un moteur diesel, ce qui a aussi permis de ne pas électrifier le dépôt, qui comporte quand-même deux grands portiques avec des barres de contact d'un mètre de long pour alimenter les batteries et le chauffage. Le TSOL est relié aux C.F.F. à la gare commune de Renens, où les voies en impasse du terminus sont numérotées 61 et 62, sur le même quai que la voie 1 CFF. La voie de raccordement a un aiguillage donnant accès à une courte voie en impasse où stationnaient deux wagons de ballast, l'un était marqué TSOL, je n'ai pas pu voir les marques de l'autre, ils ont tous les deux les tampons et attelages traditionnels des chemins de fer européens et peuvent donc être incorporés à n'importe quel train de marchandises. Toutes les stations sont équipées de distributeurs automatiques de billets, on peut passer sur les quais comme sur un trottoir. A l'université, il y a une correspondance avec une ligne d'autobus suburbaine, la 57, à tarification par section. A chaque distributeur du TSOL, on peut
acheter des billets combinés TSOL + 57, ainsi que des compléments si on a déjà un titre de transport urbain. L'autre terminus de cet autobus est Morge, terminus d'un chemin de fer à voie métrique. http://cheminet.free.fr/ch_geo_leman.php#tsol

La gare voyageurs du Flon est la correspondance entre crémaillères et TSOL, qui sont presque au même niveau (les quais crémaillères sont en pente), crémaillères et TSOL formant un angle droit (sans
raccordement), avec un kiosque informations et billetterie entre eux.
Il y a deux voies en impasse pour le TSOL, ce vendredi une seule était utilisée. Quand la rame arrive, les voyageurs descendent sur un quai sur lequel il y a des boutiques, avec une sortie sur une ruelle sur laquelle a dû exister une voie marchandises, puis le machiniste ouvre les portes de l'autre côté pour les voyageurs au départ. Pour éviter que le machiniste soit gêné en sortant pour passer en tête de train, une barrière de quatre mètres de long dissuade les voyageurs de monter par la porte la plus proche de la cabine (elles n'ont pas de portes extérieures). Pour les voyageurs désirant aller vers les rues au dessus, il y a des ascenseurs coordonnés avec le TSOL et les crémaillères, puis une passerelle rejoignant la rue, s'appuyant sur le toit d'un immeuble.

Il y a aussi à Lausanne un chemin de fer à voie métrique, qui arrive lui aussi au Flon depuis peu. http://cheminet.free.fr/ch_geo_leman.php#leb Auparavant, la gare terminale, en bois, se trouvait à environ un kilomètre du Flon, l'arrivée dans Lausanne se faisant dans la rue, à voie unique. Quand un train partait, il était à contresens de la file de circulation et se frayait un passage à grand renfort de sifflets - c'est une situation qui existe dans plusieurs villes suisses -. Sa billetterie du type carte d'horloge pointeuse. Il existe un billet combiné à la journée donnant droit à la visite du musée du pain, à un café, un croissant et un petit pain, pour 14 francs suisses (7 FS pour les enfants). Comme cette ancienne gare était relativement proche de la station Vigie du TSOL, j'avais pris le pont de Chauderon pour le rejoindre, et eu droit à un magnifique panorama sur le lac Léman, ainsi qu'à une vue du toit de la société locale de production d'électricité, garni de panneaux électro-solaires expérimentaux. La plupart des viaducs ont des constructions encastrées entre leurs arches. Vu la grande hauteur entre le pont et la station de métro, il y a deux ascenseurs, avec un niveau intermédiaire pour accéder à la rue de la Vigie.